De nouvelles recommandations pour le SOPK
Fin août, un consortium international a livré de nouvelles recommandations concernant le SOPK. Il est mené par l’Université Australienne Monash, en partenariat avec l’American Society of Reproductive Medicine (ASRM) et regroupe plus de 3 000 professionnel·les. Alors que le SOPK est défini depuis 2003 par les critères de Rotterdam, des recommandations avaient déjà été rédigées en sans réactualisations depuis 2018. Cette mise à jour pose des avancées essentielles. Notamment, un cadre au suivi des femmes atteintes du SOPK à toutes les étapes de leur vie et sur des plans bien plus large que la sphère endocrinienne.
Pour rappel, je ne suis pas médecin, je suis naturopathe et en aucun cas je ne pose de diagnostic, quel qu’il soit. J’accompagne des femmes pour qui le diagnostic de SOPK a été posé. Il me tient à cœur de rester informer sur le sujet pour inscrire au mieux ma pratique dans un parcours de soin pluridisciplinaires.
Contenu de l'article
C’est quoi le SOPK ou Syndrome des Ovaires Polykystiques ?
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) se caractéristique par des troubles endocriniens, métaboliques, mais aussi reproductifs, dermatologiques et psychologiques. Il affecte environ 10% des femmes en âge de procréer et elle la principalement cause de troubles de la fertilité.
Il se caractérise par une hyperandrogénie et un panel de symptômes qui sont :
- Des troubles du cycle menstruel
Absence d’ovulation, cycles menstruels longs, perte de sang en dehors des règles, règles très abondantes, voir absence de règles (aménorrhées) - Des troubles métaboliques
notamment d’insulino-résistance voir de diabète de type 2 - Des troubles dermatologiques
hirsutisme[1] (excès de pilosité au niveau du menton, des joues, poitrine, dos, bras et jambes), alopécie androgénique (perte de cheveux), acné - Des troubles du sommeil
apnée du sommeil, somnolence - Des troubles de la fertilité
- Des troubles anxieux et dépressifs
Son nom est trompeur et le SOPK n’est pas une accumulation de kystes sur les ovaires. Son appellation provient d’une accumulation de follicules dans les ovaires dont aucun n’arrive à maturité. De ce fait, l’ovulation n’aboutit pas.
De nouvelles recommandations pour le diagnostic du SOPK
Jusqu’à aujourd’hui, le diagnostic du SOPK consistaient en l’accumulation de 3 données : l’observation de troubles de l’ovulation, une hyperandrogénie observée ou montrée par bilan sanguin et un aspect multi-folliculaires par échographie.
Les lignes directives internationales revisitent ces critères. Aussi, pour la femme adulte le diagnostic sera posé sur l’accumulation de deux éléments parmi les suivants :
- Une hyperandrogénie visible (hirsutisme, acné, perte de cheveux importante) ou démontrée par bilan sanguin.
- Des cycles irréguliers et des troubles de l’ovulation : les cycles menstruels irréguliers sont définis comme inférieur à 21 jours ou supérieurs à 35 jours ou 8 cycles par an.
- Une échographie montrant un aspect multi-folliculaires ou un taux élevé d’hormone anti-mullérienne (AMH).
L’AMH est un marqueur de la réserve ovarienne. Plus il est élevé et plus la réserve ovarienne d’une femme est grande. Hors, chez la femme ayant un SOPK, l’ovulation aboutissant peu, le taux d’AMH apparait élevé. Il peut être 2 à 3 fois supérieur que la normal. Aujourd’hui, ce critère pourra remplacer l’échographie dans le diagnostic.
Il est également à noter qu’il s’agit d’un diagnostic d’exclusion. C’est-à-dire que d’autres causes possibles aux symptômes devront être écartées.
Une meilleure prise en compte des femmes tout au long de leur vie
Le rapport insiste sur le fait que l’évaluation et la prise en charge doivent porter sur les caractéristiques reproductives, métaboliques, cardiovasculaires, dermatologiques, du sommeil et psychologiques. La prise en charge doit être globale en somme.
Des études ont démontré que le SOPK exposé à plus de risque de diabète de type 2, de troubles cardio-vasculaires, de cancer de l’endomètre et de grossesse à risque. En ce sens, le rapport invite à ce qu’un suivi soit réalisé tout au long de la vie de la femme et à chaque étape de sa vie.
Une reconnaissance des symptômes dépressifs et anxieux
Le consortium reconnait des symptômes dépressifs et anxieux chez les femmes atteintes du SOPK. C’est une nouveauté et une vraie reconnaissance des conséquences psychologiques que peuvent engendrer les symptômes de cette pathologie.
Il est également question d’augmenter la sensibilisation aux troubles de l’alimentation. Mais aussi, leurs impacts sur l’image corporelle et la qualité de vie, tant auprès des femmes qu’aux professionnel·les de santé accompagnant·es.
Ne pas discriminer
Autre point qui me parait essentiel, le consortium soutient que les professionnel·les de santé doivent prendre en compte les facteurs culturels et ethniques. Le rapport soutient qu’aucune discrimination, notamment en fonction du poids, ne doit être faite. Et c’est une belle avancée quand on s’est qu’une femme SOPK en désir de grossesse se fera conseiller la perte de poids comme première étape.
Une prise en charge pluri-disciplinaire
Il est maintenant conseillé que les professionnel·les de santé doivent travaillent main dans la main avec les personnes atteintes du SOPK. Notamment pour prendre des décisions concernant leurs soins et prendre également en compte les facteurs culturels et ethniques. La sensibilisation, la prise de décision partagée et l’autonomisation sont écrits comme des modèles fondamentaux à intégrer dans les suivis de SOPK.
De plus, le rapport faisant la part belle à la multiplicité des symptômes auxquels exposent le SOPK, le consortium invite les professionnel·les de santé à travailler ensemble dans une approche pluridisciplinaire.
Conclusion
Ce rapport peut être une vraie révolution dans la prise en charge des femmes atteintes d’un SOPK tant il élargit sa définition et sa prise en charge. J’utilise le conditionnel car il faudrait qu’il arrive entre les mains de tout·es les professionnel·les à même de rencontrer une femme présentant des symptômes. La prise en charge du SOPK est complexe, longue, affublées de croyances. Espérons que ce rapport ne soit pas qu’un caillou dans un mer et qu’il fasse évoluer les pratiques qui touchent toutes et tous au quotidien.
Sources
Vous pouvez retrouver le rapport sur le site de l’association SOPK Europe : https://www.sopkeurope.org/sopk-recommandations-2023
[1] Le score de Ferriman et Gallwey permet d’évaluer le score de l’hirsutisme : https://docteur-benchimol.com/score-de-ferriman-et-gallwey.html
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